Chère lectrice, cher lecteur,
Le futur est « effrayant ».
C’est ce que pensent les trois quarts des jeunes de 16 à 25 ans, selon une vaste enquête sur la crise climatique, réalisée auprès de 10 000 personnes de cette tranche d’âge et originaires de dix pays différents, dont la France.
Les résultats, publiés par la revue scientifique Lancet Planetary Health montrent que les jeunes sont non seulement effrayés par l’état de la Planète, mais qu’ils perdent aussi espoir en leur avenir.
C’est ce qu’on appelle l’éco-anxiété, une « pathologie » liée à l’évolution de la crise climatique, qui pousse plus de la moitié des personnes interrogées dans l’étude à penser que l’humanité est « condamnée ».
Condamnée !
C’est cette idée angoissante qui pousse certains vers une extrémité : le refus absolu d’avoir des enfants. « Pour sauver la planète ».
Récemment, par exemple, la chanteuse Myley Cyrus [1], qui a moins de 30 a déjà vendu plusieurs centaines de millions de disques, expliquait pourquoi elle « refusait d’être maman » :
« On hérite d’une planète dans une belle m*rde et je refuse de la transmettre à mon enfant. »
« Jusqu’à ce que je sente que mon enfant puisse vivre sur une planète avec encore des poissons dans l’eau, je ne mettrai pas au monde une nouvelle personne ».
Vous voyez la logique : la sauvegarde de la nature et de la Terre doivent passer avant celle de l’homme.
Pour ma part, je pense que c’est exactement l’inverse : car le respect de la nature, c’est d’abord le respect de l’homme
Et voici pourquoi.
La fin du monde d’ici 15 ans maximum !!!!
D’abord ; il faut souligner que les prédictions apocalyptiques sur lesquelles sont basées ce type de raisonnement se sont toujours révélées fausses [2]. :
En 1865 par exemple, on prévoyait une pénurie de charbon au Royaume-Uni, qui n’est pas arrivée.
Pareil quand l’administration américaine s’est inquiétée d’une pénurie de pétrole susceptible de survenir au début du XXème siècle…
En 1968, le professeur de l’université de Stanford Paul Ehrlich, a publié un livre, « La bombe de la population » où il assimilait la « prolifération humaine » à un « cancer » :
« Trop de voitures, trop d’usines, trop de détergents, trop de pesticides…, trop d’oxyde de carbone. La cause en est toujours la même : trop de monde sur la Terre ».
Le chercheur prévoyait que des centaines de millions de personnes allaient mourir de faim dans les années 70, dont 65 millions aux États-Unis, et qu’il était probable « que l’Angleterre n’existe plus d’ici à l’an 2000 »…
Sûr de son fait, Ehrlich avertit encore que « la fin arriverait dans les 15 prochaines années ».
Entendant par cela « un effondrement total de la capacité de la planète à subvenir aux besoins de l’humanité ».
Verdict : l’humanité n’a aujourd’hui jamais été aussi proche de l’objectif d’éradiquer la sous-alimentation. Celle-ci frappait un humain sur deux au lendemain de la seconde guerre mondiale et ne concernait plus que 10,9% de l’humanité en 2017.
Le problème…c’est l’avidité !
Dans le fond, le problème ce n’est pas le manque de ressources, c’est l’avidité. Ce qui n’est ABSOLUMENT pas la même chose.
Comme le disait Gandhi, « il y a assez de tout dans le monde pour satisfaire aux besoins de l’homme, mais pas assez pour assouvir son avidité ».
« Or, c’est le système actuel qui depuis des décennies développe cultive scientifiquement l’avidité de l’humanité, pour faire avec son marketing de chacun de nous des consommateurs encore plus compulsifs achetant avec de l’argent que nous n’avons pas des choses dont nous n’avons pas besoin et qui nécessitent une gabegie de ressources naturelles pour être produites et arriver jusqu’à nous. »
Bien sûr, certains considèreront toujours un être humain comme une bouche à nourrir et un consommateur de ressources.
Et pourtant…
Un nouvel être humain qui vient au monde est aussi un cerveau supplémentaire potentiellement tourné vers la créativité et l’innovation.
Miracle à chaque naissance
Et c’est d’ailleurs en cela que nous entrons en pleine convergence avec l’environnement.
Car la Nature elle-même n’est que vie, mouvement, adaptation.
Toujours elle conteste l’idée de déclin pour se jeter en avant.
Je voudrais prendre pour exemple une histoire qui m’a profondément marquée, dans le livre L’intelligence des plantes, de l’écrivain Maurice Maeterlinck : celle d’une plante, dont la racine enserrait complètement une chaussure.
La graine était certainement tombée sur le sol juste au-dessus de la chaussure enfoncée dans l’humus, puis avait germé et s’était développée normalement jusqu’à ce que sa racine se heurte à la semelle.
Voilà la plante coincée. Route barrée !
Car il n’y avait aucun autre trou dans la chaussure que les orifices des clous dissous par la rouille. Des trous bien trop petits pour que la racine puisse s’y glisser.
Croyez-vous que la plante a abandonné pour autant ? Non !
Elle s’est divisée en fines radicelles, dont chacune s’est glissée par l’un des petits orifices pour se rejoindre et se réunir à la sortie des trous, reformant la racine d’avant l’obstacle !
Je ne sais pas si vous vous rendez bien compte de ce que ça veut dire, mais moi j’appelle ça du talent, de l’intelligence, de l’à-propos. Une compréhension de la situation, de sa complexité, et une réaction efficace avec un seul objectif : toujours aller de l’avant vers la vie.
Je n’ai jamais vu une détermination aussi folle que chez…cette plante !
Voici un autre exemple, encore plus fascinant. L’histoire de la vallisneria, une plante qui vit dans une sorte de demi-sommeil au fond de l’eau.
En réalité, son existence entière n’a qu’un seul et unique objectif : préparer l’accouplement :
« Lorsqu’arrive l’instant tant attendu, la fleur (femelle) déroule lentement la longue spirale de son pédoncule, et vient s’épanouir à la surface de l’étang. »
« D’une souche voisine, les fleurs mâles la repèrent, et à leur tour s’élèvent vers celle qu’ils convoitent. »
« Mais voilà que cette cour est maintenant…stoppée nette ! »
Arrivées à mi-chemin, les fleurs mâles se rendent compte de la terrible situation : leur tige est trop courte ! Oui, trop courte !! Jamais l’union des étamines et du pistil [3] ne pourra se concrétiser…
Imaginez une seconde le supplice : l’objet du désir est là, juste sous vos « yeux », il vous attend, il vous obsède, mais pour une histoire de quelques centimètres…c’est impossible !
Alors, la plante va-t-elle accepter cette cruauté implacable du destin ? Non.
C’est à ce moment précis qu’intervient le génie sans limite de la Nature.
Les mâles ont renfermé en eux une bulle d’air et soudain, dans un effort totalement incroyable, ils s’arrachent à leur pédoncule pour que leurs pétales viennent crever la surface des eaux.
Ensuite, ce qui se passe est totalement sidérant :
« Blessés à mort mais libres, ils flottent un moment aux côtés de leurs insoucieuses fiancées ; l’union s’accomplit, après quoi les sacrifiés s’en vont périr à la dérive, tandis que l’épouse clôt sa corolle où vit leur dernier souffle, enroule sa spirale et redescend dans les profondeurs pour y mûrir le fruit du baiser héroïque ». [4]
Ainsi comprend-on que des principes qu’on croyait purement humains, la solidarité, la coopération, l’entraide, le sacrifice même, la Nature les connaît déjà et les pratique depuis toujours.
Elle ne renonce jamais à la vie.
Je crois que ces exemples sont une réponse ferme aux « déclinologues », à tous ceux qui nous annoncent l’Apocalypse, la catastrophe, à qui on peut dire avec certitude qu’ils se trompent.
Attention, je ne dis pas que les problèmes qu’ils soulignent n’existent pas et qu’il ne faut pas prendre la crise climatique au sérieux ; je dis que la chose qui est à peu près certaine est que l’avenir ne se passera pas comme ils le disent.
Et que rien, dans les brillantes analyses qu’ils nous livrent, n’a la moindre chance de contribuer, ne serait-ce qu’un tout petit peu, ni à nous rendre ni meilleur, ni plus heureux.
Alors que retenir de tout cela ?
Que le défaitisme ne mène à rien, que « l’éco-anxiété », comme on l’appelle dans les journaux, ne construira pas ce nouvel homme que Gandhi appelle de ses vœux.
Un constructeur et non un profiteur, un utilisateur éclairé, non pas un consommateur avide.
Comme ces plantes qui refusent la fatalité, notre destin d’hommes est de préserver notre planète, pour que d’autres à notre suite, découvrent à leur tour le trésor de la vie.
C’est dans cet espoir que je vous souhaite, à vous et à vos familles, une bonne et heureuse année 2024.
Gabriel Combris
Sources
[1] https://www.elle.fr/People/La-vie-des-people/News/Miey-Cyrus-pourquoi-elle-refuse-d-etre-maman-3798880
[2] https://www.economist.com/christmas-specials/1997/12/18/plenty-of-gloom
[3] Le pistil est l’organe reproducteur femelle, c’est la partie centrale des fleurs qui formera le fruit et produira des graines. L’étamine est l’organe mâle de reproduction des fleurs, elle se trouve entre les pétales et le pistil et possède des sacs qui contiennent le pollen.
[4] Maurice Maeterlinck, L’intelligence des Fleurs
Monsieur Combris,
Vous faites partie des 3 plus grands journalistes qui par par vos écrits
aussi responsables, raisonnables, réalistes;
Enfin, les 3 R qui vous représentent et imprègnent vos éditions.
Une véritable satisfaction de vous lire , sans soupçonner une possible déception !
Merci pour votre investissement dans la plume!
Excellente Année
Cordialement
Maryse Jacques
Pourquoi donc ces idiots inutiles qui refusent d’avoir des enfants afin de préserver la planète ne vont-ils prêcher la bonne parole en Inde, en Chine ou en Afrique qui va passer à elle seule le cap de 2,5 milliards d’individus en 2050 ? Ah, oui c’est ,vrai, la fin du monde est pour dans 15 ans !! Ne trouvez-vous pas qu’il y a des coups de pied au fesses qui se perdent. La fin de la planète, ou tout au moins des humains sera plutôt le fait que les guerres qui se déclarent un peu partout risquent bien de révéler un fou furieux qui appuiera sur un certain bouton qui, par effet de dominos fera que d’autres fous l’imiteront. C’est de cela dont les “escrologistes” devraient se méfier, non en écoutant les élucubrations des “experts” autoproclamés du GIEC.
Merci beaucoup ,je suis tout à fait d’accord ,mais dans les “hautes sphères ” dont M.Attali on souhaite voir la population mondiale régresser à 800 millions d’etres humains c’est plus facile à gérer surtout avec l’IA .
Bonne année à vous et merci pour ce que vous faites .
P.S Je souhaiterais acheter le livre du dr Willem mais je n’achète rien sur internet ou peut on l’acheter ,sachant que je paie en chèque .
Merci Gabriel. Je pense comme toi et préfère être positive. Allons de l’avant et aidons nos enfants à envisager une nouvelle civilisation en harmonie avec la terre.
Merci ! Merci pour cette belle leçon d’optimisme. Nos enfants, petits-enfants et suivants vivront leur époque et j’espère qu’ils sauront tenir compte de nos erreurs pour protéger notre si belle planète.
Je vous souhaite une bonne année 2024.
“Un nouvel être humain qui vient au monde est aussi un cerveau supplémentaire potentiellement tourné vers la créativité et l’innovation” ; ou bien des Poutines et autres Pol Pot en devenir. J’aime votre optimisme mais ne le partage pas ( plus) et reste persuadé qu’il y a trop d’humains partout et donc aussi moins de place pur la nature et les animaux.
Bravo! j ai compris : la nature est beaucoup plus intelligente que nous.
Une nature qui existe depuis plus longtemps que nous humains et qui elle, a prouvée la vrai intelligence.
Dommage que nous ne l imitions pas davantage.
Daniel Granjon.
MERCI pour ce beau message !
Très beau message qui donne du courage face à ce monde incertain , plein de bruit et de fureur . Et le courage d’agir et de se dire que toutes les nombreuses initiatives venues des simples citoyens , de tous les pays , ne seront pas vaines si elles s’inspirent du génie de la nature.
bonne et hreuse année .
Bonjour Monsieur et Bonne Année,
J’ai lu avec intérêt votre dernière lettre. Vous êtes optimiste et vous avez raison car il n’est pas bon de voir les choses tout en noir. Toutefois je comprend aussi les réactions de certains : il y a énormément de souffrances en ce monde et les perspectives d’avenir ne sont pas bonnes. Je suis d’accord pour penser que la Nature tend toujours vers la vie. Mais c’est vers la Vie en général pas seulement la vie humaine. En effet la Nature n’est ni bonne ni mauvaise envers nous, elle est indifférente. Nous sommes une espèce parmi tant d’autres et si nous faisons obstacle à son action, si nous devenons un danger pour le maintien de la Vie par nos activités elle nous éliminera comme elle l’a fait pour les dinosaures. Ceci dit je ne crois pas à une fin apocalyptique de l’espèce humaine, je pense plutôt à une évolution. Mais dans un sens que nos contemporains n’apprécieraient certainement pas : en créant des êtres adaptés à un environnement différent, en limitant les naissances, en multipliant les épidémies – qui sont une forme de vie – , les catastrophes naturelles, les conflits meurtriers afin de réduire notre nombre et de permettre à la planète de se régénérer. Et je crois que ce processus a déjà commencé. Notre technologie ne nous sauvera pas. Elle peut même contribuer à notre perte. Mais, au bout du compte, la Vie continuera. Ce ne sera pas celle que nous connaissons, sans doute, mais elle évoluera toujours parce que la Nature est éternelle.
Excusez-moi d’avoir abusé de votre temps.
Cordialement.
Jean Roche.